02/09/2014

Les monades urbaines - Robert Silverberg


Imaginez vous. Notre monde, dans plusieurs centaines d'années. 70 milliards de personnes, vivant sur approximativement 20 % de la surface terrestre quand les 80 % restants sont alloués à l'agriculture. Pour réussir à "stocker" tant de monde dans un espace si restreint, notre société future a du faire table rase du passé, au sens propre, détruisant tout sur son passage pour rendre possible la construction de monades, gratte-ciels de près de 3 kilomètres, véritables métropoles s'étalant à la verticale.

"Sur sa gauche, il voit la face occidentale de Monade 115, toujours dans l'obscurité. A sa droite, les fenêtres orientales de Monade 117 scintillent. D'où il est, lui apparaissent d'autres monades alignées en une longue file s'étirent contre l'horizon. Toutes identiques. Ce sont des tours gracieusement effilées, hautes de trois mille mètres, en béton précontraint. C'est une vision saisissante. Dieu soit loué s'exalte-t-il."

Mais comment une vie agréable et en communauté  est-elle possible dans un espace clos, quand bien même celui-ci est immensément grand ? Utopie ou folie ? C'est à ces questions que répond, il me semble, Robert Silverberg dans cette anticipation. Car malgré un bien-être apparent et une propagande prônant l'évitement de toute source de tension et la recherche du bonheur/plaisir, les différents personnages que l'on suit dans ce roman sont sujet à des remises en question : de leur mode de vie fermé et vertical et des comportements/attitudes que l'on attend d'eux.

Ils font ainsi preuve d'un libre-arbitre et d'une volonté de se libérer du carcan d'une société en fin de compte totalitaire. A leurs risques et périls, comme l'expérimenteront certains, vu que les déviants - appelés "anormo" - sont condamnés à "dévaler la chute" et servir ainsi de combustible, nécessaire à la production énergétique de chaque monade. Dans une moindre mesure, si notre comportement anormal n'est pas trop inquiétant, une petite lobotomie à base de dosage hormonal nous remet dans le droit chemin.

"Le refus de toute frustration est la règle de base dans une société telle que la nôtre, où les frictions les plus minimes peuvent conduire à d'incontrôlables oscillations discordantes."

Après une telle lecture, difficile de se dire qu'il y a 40 ans un homme ait pu avoir des idées aussi visionnaires sur l'évolution de nos technologies (si non de notre société et heureusement ! (en tout cas pour l'instant)). Intelligent, tant sur le fond que la forme, mais aussi bourré d'humour (surtout au début) je comprends maintenant pourquoi ses Monades urbaines sont considérées comme un chef d'œuvre de la SF. Un intemporel à découvrir impérativement !

Critique réalisée dans le cadre du challenge Morwenna's List organisé par Cornwall
http://laprophetiedesanes.blogspot.fr/p/les-niveaux-sont-en-fonction-du-nombres.html

7 commentaires:

  1. OK, je le mets sur le haut de la pile, me fait de l’œil depuis trop longtemps celui là.

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    1. Tu fais bien, c'est vraiment génial ! Il faut que je lise L'oreille interne avant de me décider mais je pense que Silverberg va faire partie de mon Panthéon d'auteurs SFFF.

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  2. Silverberg fait déjà partie de mon Panthéon. Et il y a tellement à découvrir (pas que du bon sans doute dans l'énorme masse de sa production, mais quand c'est bon, c'est vraiment bon) !

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    1. Je compte sur toi et d'autres blogueurs pour m'aider à faire le tri ;)

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  3. C'est un classique absolu. Il faudra aussi que tu lises "Tous à Zanzibar" de Brunner.

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    1. Madame BUTTERFLY08 octobre, 2014 15:52

      Un sentiment partagé après la lecture de ces fameuses "Monades urbaines"... Partagé entre l'imagination féconde de Silverberg et une certaine appréhension en pensant que cela pourrait peut-être se produire. Un mélange subtil de liberté totale dans un enfermement absolu... Vertigineux

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